Les Contes et Légendes de Saint Jean de Fos sont un ensemble de récits populaires. Parmi les contes les plus célèbres, on peut citer « Le Pont du Diable », une histoire qui raconte comment le diable a construit un pont pour faciliter les déplacements des voyageurs, mais à un prix terrible. Ces contes et légendes sont encore populaires aujourd’hui, et ils continuent de fasciner les générations à venir.
La légende du Pont du Diable
Les moines de Gellone et d’Aniane sont à l’ouvrage pour construire ce pont qui enjambe l’Hérault à la sortie des gorges. Le chantier est saboté et régulièrement au petit matin les moines trouvent l’édifice détérioré. Ils en appellent à Guillaume leur Saint Patron.
Le Saint Patron de Gellone que l’on nomme aussi Guillaume le Grand décide d’en découdre avec les saboteurs. Un soir il se poste près du chantier et découvre le Diable déguisé en Bouc (Lo Picart) en train de fracasser des pierres sur le pont.
Guillaume l’interpelle : « Satan je te vois malgré ton déguisement grossier. Pourquoi veux-tu détruire l’ouvrage de mes frères. »
« Je n’ai que faire Guillaume, ici-bas, du pont de tes misérables chiens de serviteurs. »
« Satan, au lieu de nous affronter, essayons plutôt de régler notre différent de manière intelligente ? »
« Ah pour une fois je suis d’accord avec toi Guillaume. Ouvre grand tes oreilles. Je construirais un pont des plus solide qu’il soit et ce en trois jours, en échange de l’âme de l’un de tes chiens de serviteurs. Le premier qui traversera le pont descendra avec moi dans les enfers »
Guillaume ne voulant pas plongé dans son piège, rétorques avec aplomb : « L’ âme d’un de mes chiens de serviteurs. Tu ne saurais mieux dire Satan. Retrouvons-nous ici même dans trois jours et trois nuits lorsque tu auras achevé l’ouvrage. »
Le moment du rendez-vous arriva et Guillaume, avec les siens, allaient vérifier les dire de Lucifer. Arriver au chantier, Satan les attends de l’autre côté du pont qu’il vient d’achever, l’allure enjoué de ramener l’âme d’un moine avec lui. Il employa alors ces mots :
« J’ai tenu parole, le pont est solide, à toi désormais Guillaume de me remplir ta part du marché. »
Guillaume sortit de sa poche un os qu’il lança sur le pont, un chien courra après avec entrain, le Diable regardant la scène ne comprit pas ce qu’il se passait, Guillaume dit alors : « Satan je respecte mes engagements il y a trois jours, ici même tu me demandais l’âme d’un de mes chiens de serviteur. Eh bien voici et le plus fidèle. »
« Guillaume, sale chien tu m’as trompé AHRRRRR ! Prends garde à ma vengeance ».
Hors de lui le Diable mis toutes ses forces pour détruire le pont mais l’ayant construit pour être le plus solide, il ne put le détérioré. De rage et ne pouvant assouvir sa vengeance, il se lança dans Hérault créant ainsi le gouffre noir.
Lorsqu’il y a beaucoup d’eau et que le fleuve sort de son lit, on peut entendre le diable qui semble se réveiller du fond du gouffre.
Les pèlerins du chemin de Saint Jacques de Compostelle se munissaient de pierre et les lançaient dans l’eau depuis le pont, pour que le diable y reste.
La Légende du "Picart"
La Légende du "Picart"
Tiré du livre Contes et Légendes de Saint Jean de Fos Association Lo Picart - 2001
Derrière les remparts, les maisons de Saint-Jean
Autour de son église semblent faire une ronde.
L’Ereau, sorti des gorges, coule paisiblement,
Serpentant gentiment dans la plaine féconde.
Le printemps se termine, c’est la belle saison.
Dans une poignée de jours, ce sera Pentecôte.
Les enfants se préparent à faire la communion
Pendant que dans l’église s’affairent les bigotes.
C’est le blanc qui domine à cette occasion ;
Les arums et les lys garnissent les autels.
Sur les nappes brodées, brillent à profusion
Candélabres d’argent, aux mille et une chandelles...
Mais que se passe-t-il ? N’est-ce pas Églantine
Et son amie Julie qui accourent dès mâtines ?
’’Mon dieu ! Quel Sacrilège ! Quelle profanation !
Les nappes de l’autel ont été déchirées,
Les vases sont brisés et les fleurs, piétinées,
Jonchent toutes les allées ! Serait-ce le Démon ?
Le Diable est dans l’église ! Venez vite, Justin,
Il faut sonner les cloches pour que les paroissiens
Avec fourches et bâtons viennent chasser le Diable !!!!’’
… l’autre jour, en effet, on croyait à la fable
Quand Julie racontait qu’à l’heure du chapelet
Elle avait bien crû voir, derrière un gros pilier,
Une espèce de chèvre – les cornes dépassaient -
Qui avait disparu alors qu’elle approchait …
Entendant le tocsin, les paroissiens accourent
Armés jusques aux dents, formant procession,
Cependant que le prêtre, avec son goupillon,
Asperge d’eau bénite tous les coins du sanctuaire,
Priant en même temps pour chasser Lucifer.
Tout à coup, bondissant de derrière l’autel,
Un étrange animal charge notre curé,
Le piétine et s’enfuit … Alors on se rappelle
La vision de Julie, qui n’avait pas rêvé.
Tous ont bien vu le bouc, ses cornes, sa barbiche !
C’est bien lui, c’est Satan qui saccageait ainisi
Les statues, les tentures, et les autels fleuris !
… .Le moment d’émotion passé, on se regroupe !
Sus au Diable, chassons-le jusque dans ses enfers !
Que nos épieux, nos fourches, s’enfoncent dans sa croupe !
Tuons et supprimons cet animal pervers !
Alors, tous en hurlant se sont mis à ses trousses
Sur le chemin pierreux qui mène à l’Ereau.
« Pica-lou ! » Pica-lou ! » hurlaient tous ces gaillards !
Arrivant sur le pont, le démon cria « Pouce ! »
Mais fourches et épieux le jetèrent à l’eau !...
C’est ainsi que finit l’histoire du ’’Picart’’
Disparu à jamais au fond du gouffre noir.
La légende de la Grotte de Clamouse
La légende de la Grotte de Clamouse
La source et la grotte de Clamouse doivent leur nom au terme languedocien "clamousa" (clameuse ou hurleuse), en raison du bruit de l’eau de la rivière souterraine lors des crues.
Une légende rapporte aussi qu’un jeune berger du Causse avait pris pour habitude de faire parvenir à sa pauvre mère une brebis de son troupeau en précipitant celle-ci dans un abîme du Causse d’où l’eau souterraine la transportait jusqu’à la résurgence en contrebas.
Un jour, c’est le corps de son fils que la mère y trouva... Folle de douleur, elle aurait erré longtemps aux abords de la grotte en poussant des clameurs désespérées.
Ce type de légende est, à quelques variations près, très fréquent dans toutes les régions calcaires où existent des circulations d’eaux souterraines.
Ceci confirme que les habitants de ces régions ont eu très tôt conscience de la relation directe existant entre les résurgences des vallées et les gouffres et points d’infiltration des eaux sur les plateaux et montagnes environnants.
La légendes des "Orjouliers" ou des "Cougourles"
Tiré du livre Contes et Légendes de Saint Jean de Fos Association Lo Picart - 2001
En l’an 804, le comte Guilhem, duc d’Aquitaine, fondateur de l’abbaye de Gellone, « a fait don, à celle-ci, du fisc de Liténis, avec ses églises de Saint-Geniès et de Saint Jean, et avec toutes ses dépendances »... Autour de l’église de Saint-Geniès, dans la plaine de l’Hérault, se blottit un petit hameau que d’anciens supposent antérieur à l’agglomération de Saint-Jean.
La légendes des "Orjouliers" ou des "Cougourles"
Avant de conter cette histoire, laissez-moi vous fixer le cadre de son déroulement :
Autour de l’église de Saint Jean, adossé aux Causses, derniers contreforts du Massif Central, s’agrippe un village plus important et déjà fortifié. De gros remparts et un beffroi, abritant l’unique porte d’accès au village, permettent de surveiller tout la la plaine de l’Hérault.
Dans les deux villages vivent paisiblement agriculteurs, viticulteurs, bergers et artisans. Parmi ces derniers, on compte une confrérie considérable, les potiers, appelés communément ’’Orjouliers’’ parce qu’ils fabriquent des ’’Orjouls’’, cruches en terre cuite.
Les sarrasins viennent de subir une lourde défaite dans le village voisin à Gignac ;
Ils comptaient sur la nuit pour prendre les gignacois par surprise, mais un âne veillait, qui se mit à braire si fort qu’il réveilla toute la population et donna l’alerte.
Chassés de Gignanc, les Sarrasins longent alors la vallée de l’Hérault et plutôt que de s’attaquer aux places fortes de Saint-Benoît, à Aniane ou de Saint Guilhem, à Gellone ils se dirigent sur Saint Jean de Fos.
Des paysans qui vaquaient à leurs occupations dans la plaine, les voient arriver et se précipitent vers le village. Aussitôt, le tocsin sonne à l’église de Saint-Geniès, repris et amplifié par le carillon du clocher de Saint-Jean. De partout, dans la campagne, les paysans accourent pour s’abriter derrière les remparts. Et chacun de prendre sa position de défense. Pendant que les archers s’échelonnent le long su mur d’enceinte, on ferme la porte du donjon, on abaisse la herse, on fait fondre le plomb, on chauffe l’huile … bref, on attend de pied ferme les envahisseurs qui ne tardent d’ailleurs pas à arriver.
Protégés par leur archers, une bonne vingtaine de Sarrasins manient déjà le bélier et, après plusieurs tentatives, ils parviennent à enfoncer la porte. Mais, Dieu soit loué, la herse résiste bien. Et nos braves Sarrasins ont beau se relayer, c’est sous un déluge de plomb fondu et l’huile d’olive bouillante qu’ils s’amoncellent, en hurlant, devant la porte... Mais petit à petit, le plomb s’épuise et l’huile de même, et nos ennemis reviennent toujours à la charge.
C’est alors qu’un Orjouliers, Germain, dont l’atelier est sis au pied du beffroi, fait monter sa provision de courges (cougourles) de sa réserve au sommet de la tour. Et vous savez, du haut de la tour, les kilos de courges, ça pèse très très lourd !!!!
Et comme cela ne suffit pas à calmer l’ardeur des derniers assaillants, Germain sacrifie tout son stock de belles "terrailles": c’est alors une pluie de jattes, d’orjouls et de jarlets qui s’abat sur les sarrasins !...
Quel meli-mélo au pied de la tour !!! Germain, heureux contemple le spectacle et savoure déjà la victoire. De joie, il se met à crier : « Vive les Orjou... » mais une flèche ennemie ne lui laisse pas le temps de poursuivre : elle l’atteint en plein cœur … Pauvre Germain ! Brave orjoulier !...
Les quelques sarrasins encore valides abandonnent cependant la partie et battent en retraite ; il se retirent sur les berges de l’Hérault pour panser leur plaies et prendre une nuit de repos...
Mais au mitan de la nuit, le vent se lève, un vent fou, à arracher la queue de tous les ânes de Gignac.
Une courge (cougourle) creuse et sèche que l’Hérault avait déposée sur un arbre lors de la dernière crue, enfle le bruit du vent dans les branches des saules et le transforme en sifflements sinistres.
La tramontane, déchaînée, souffle si fort que nos Sarrasins croient à une attaque de ces diables de villageois. Lors, la nuit est si profonde, qu’au lieu de franchir le gué, ils se précipitent, tel les moutons de Panurge, dans un de ces traitres ’’gours’’ dont l’Hérault a le secret. C’en fait des Sarrasins qui pétrissent tous, noyés !...
Le lendemain matin, quelques éclaireurs envoyés depuis Saint Jean, en reconnaissance, reconstituent la scène et remontent rapidement au village annoncer la bonne nouvelle. On fête aussitôt la victoire, mais force est de constater aussi les dégâts :pertes matérielles et hélas humaines.
Et tous repensent alors à la mort héroïque de Germain l’Orjoulier !...