La richesse du patrimoine de Saint Jean de Fos est grande et ne cesse de surprendre les visiteurs et les passionnés. Un patrimoine vernaculaire et un savoir-faire ancestral viennent enrichir ce village de potiers qui n’en finit pas d’étonner. L’association Lo Picart, dont le but est de faire découvrir, mieux connaître, comprendre, sauvegarder le patrimoine bâti et culturel de Saint Jean de Fos, vous présente ici l’histoire des principaux sites du village.
L’église Saint Jean Baptiste
Dominant le village de son toit vert, en poterie vernissée, l’église Saint-Jean-Baptiste de Saint-Jean-de-Fos caractérise pleinement ce village médiéval. Elle est inscrite aux Monuments Historiques de France depuis 2013.
L’église Saint-Jean-Baptiste est d'origine romane, sa construction ayant été initiée vers le XIe siècle. Elle s’appelle alors « Sancti Johannis de Gurgite Nigro » puis deviendra « parrochia Sancti Johannis de Fors ». Elle se présentait alors comme une église à nef unique, terminée par une abside semi-circulaire, comme de nombreuses autres églises romanes rurales.
Ce n’est qu’au cours des siècles qu’elle a été augmentée de nombreux ajouts (tour de l’abside, tour clocher, collatéraux Sud et Nord, sacristie). Elle prit à une certaine époque un aspect défensif par la construction de la tour de l’abside, et des traces architecturales suggèrent la présence d’un chemin de ronde qui devait courir le long de de la nef. On voit également nettement les stigmates d’un hourd au sommet du mur surélevé au Sud, le long de la nef de l’église.
La circulade
Saint Jean de Fos est un village qui est dit construit en « circulade ». En fait, cette architecture est une conséquence d’un encellulement ecclésiastique, autrement dit, des habitations regroupées autour de l’église du village. Les remparts ont été construits au XIIe siècle pour former une enceinte, renforcée par des fossés, constituant une protection efficace. Plus tard, une fois comblés, les fossés ont laissé la place à des rues donnant cet aspect de « circulade ».
Les remparts sont encore visibles par endroit et la puissante tour-porche – devenue tour de l’horloge – constitue également un élément défensif imposant de la villa fortifiée. Cette fortification donna ainsi l’appellation Sancti-Johannis de Fortis, puis Sancti-Johannis de Fors qui devint finalement Saint Jean de Fos. A noter que pendant la Révolution, le village prendra brièvement le nom de Fort-l'Hérault.
La fortification qui dut servir lors de l’invasion des Sarrasins dans la région avec la défaite à Narbonne de Guillaume d’Orange mais qui les chassera avec Louis Le Pieux en 801 et délivrera Barcelone. Cette guerre donne à raconter la légende de la courge, quand les habitants réfugiés dans l’église ayant épuisé l’eau bouillante et les pierres, utilisèrent des courges pour se défendre.
La tour de L’horloge
Construite comme tour défensive, elle commandait l'entrée du village. Elle fût édifiée en même temps que les fortifications au XIIe siècle. En saillie par rapport aux murailles, elle comporte deux étages d’archères. On peut distinguer les stigmates du chemin de ronde sur l’arrière de la tour.
Probablement rehaussée à une époque, elle fut réparée à plusieurs reprises. Elle accueillait à l’origine une salle de garde puis hébergea la prison seigneuriale.
Bien plus tard, elle fût équipée d’une horloge. Un clocher en fer forgé, appelé en Languedoc un « campanile » fait office de carillon pour sonner les heures.
La chapelle Saint Geniès de Litenis
Cette antique chapelle romane se dresse dans la campagne à 2 km, au sud du village. Elle est mentionnée dans le cartulaire de Gellone, ainsi que l’actuelle église paroissiale de Saint Jean Baptiste, comme faisant partie du fisc royal de Litenis donné en l’an 804 par Charlemagne à son cousin Guillaume ( St Guilhem) en récompense de ses faits d’arme contre les Sarrasins.
Les fouilles archéologiques récentes ont permis de mettre à jour les fondations d’un sanctuaire paléochrétien datant du VI ou VII ème siècle d’une surface d’environ 400 m2 dont la chapelle actuelle est située sur une des nefs latérales ; ce qui laisse supposer la présence d’un habitat relativement important. Avant la construction du Pont du Diable (1025/1030), le village de Litenis se situait sur le chemin du Gué Royal qui était la seule voie de communication entre les abbayes d’Aniane et de Gellone.
Cette chapelle qui présente la particularité de ne pas être orientée a subi de nombreuses modifications au cours des siècles. Son clocher peigne en est le témoignage le plus visible. Des restaurations successives ont été entreprises depuis les années 80 à l’initiative de l’association « Lo Picart ».
Le Griffe
La fontaine – le Griffe comme elle est appelée au village – comporte un bassin octogonal surmonté d’une colonne en haut de laquelle siège un globe de pierre qui symboliserait (selon une légende récente) une courge ou cougourle, emblème de la victoire de la population contre les Sarrasins.
En fait le Griffe a été construit à la fin des années 1830, remplaçant une fontaine qui portait alors le chapiteau de la fontaine claustrale de l’abbaye de Saint-Guilhem datant du XIIe siècle. Trois autres fontaines – dont la première avait été bâtie en 1593 – les avaient précédées.
Le Griffe actuel est inspiré de la colonne de Juillet située au centre de la place de la Bastille à Paris, édifiée entre 1835 et 1840 sur ordre du roi Louis-Philippe pour célébrer la mémoire des morts des journées des Trois Glorieuses de juillet 1830. Le fût de la colonne du Griffe présente deux extrémités cannelées limitant trois sections, rappelant les trois registres d’inscriptions où figurent les noms des 504 victimes des « Trois Glorieuses » de Juillet 1830 sur la colonne de la Bastille.
La sphère au sommet de la colonne de la fontaine – remplaçant le « génie ailé » symbolisant la liberté sur la colonne de Juillet – évoque la boule jaillissante de la fontaine claustrale de Gellone, comme peut-être un dernier pied-de-nez malicieux à l’abbaye de Saint-Guilhem qui avait asservi le village pendant des siècles.
Le Pigeonnier
Le pigeonnier de Saint Jean de Fos est bien visible depuis la route en venant de Lagamas. Il est en effet situé à flanc de coteau, au tènement dit du Rouanel, protégé des vents dominants par les derniers soubresauts de la Séranne, et la lucarne d’envol était exposée pratiquement plein Sud.
Les ruines existantes laissent présumer un pigeonnier du type « pied de mulet ». C’était en tout cas un pigeonnier d’étage puisque sa façade Ouest présente une ouverture au rez-de-chaussée ouvrant sur une salle voutée, aveugle. Un étage était accessible de l’extérieur, sans doute à l’aide d’une échelle, par une autre ouverture placée au-dessus de la précédente. La pièce à l’étage est également voutée et présente deux petites ouvertures sur les façades Sud et Est. Un second étage, dévolu aux volatiles, s’atteignait par une ouverture dans le plafond de la pièce du 1er étage, dont on voit encore le bâti.
Le pigeonnier est construit entre le compoix de 1610 dans lequel il est absent, et celui de 1678 dans lequel il est mentionné. Il a probablement été érigé entre 1675 et 1678. Henri de Benoist de la Prunarède devient en effet seigneur de directe de Saint-Jean-de-Fos le 1er décembre 1675 en achetant le fief de Saint Jean de Fos à Etienne de Lauriol. Il est alors possible que bien que n’ayant aucun droit de justice (haute ou basse) dans le fief, son rang de noblesse et sa nouvelle qualité de seigneur de directe de Saint Jean de Fos aient pu lui permettre d’avoir l’autorisation de construire un pigeonnier au Rouanel.